D’où vient la créativité

Sous un titre un peu accrocheur (« Qu’est-ce que le génie ? »), Sciences et Avenir s’intéresse en fait à la créativité, à travers un article fort intéressant. L’occasion pour moi de tester Mischief, un logiciel graphique très prometteur pour les sketchnotes !

Il s’agit de savoir quels facteurs expliquent la créativité des « génies ». Le mot lui-même entraîne un débat. Qui classer dans le groupe des « génies » ? Tout le monde s’accorde autour de Einstein et de Mozart, mais ensuite ? Les tests et analyses qui sont à l’origine de cet article portent sur des personnes aux orientations très variées : détenteurs de la médaille Fields, Prix Nobel, artistes, etc.

Ils nous renseignent de façon très pertinente surles mécanismes de la créativité et de la découverte.

Dix points communs

Elena Sender, qui dirige ce dossier pour Sciences et Avenir s’appuie sur les recherches de Todd Liebart et Nancy Andreason. Elle nous présente les points communs que réunissent ceux qui ont du « génie », c’est-à-dire une créativité qui rayonne au delà de leur cercle familial ou professionnel.

A celà s’ajoutent une série de capacités que mobilise la pensée divergente.

Mais on peut énumérer toutes les qualités et les rassembler sur une personne, elle n’en sera pas pour autant un génie. Les auteurs convergent sur l’idée qu’il s’agit d’une rencontre entre un individu et un environnement. Cela explique l’éclosion d’un grand nombre de génies sur certaines périodes (la Renaissance à Florence, les Lumières, etc).

Dans une interview donnée en 2009 à la revue Synergies Europe, Todd Lubart évoque la pensée métaphorique, qu’il retrouve dans les carnets de Darwin, et la bissociation dont Arthur Koestler parle dans le Cri d’Archimède.

Faire des associations

John Kounios, qui a écrit avec Beekam Eureka Factor insiste sur la capacité à faire des connexions, des associations d’idées :

« La créativité peut être pensée comme l’habileté à faire des connexions non évidentes ».

Les personnes « géniales » feraient des connexions entre des parties du cerveau qui restent cloisonnées chez la plupart d’entre nous. Je reste prudent, ami lecteur, parce que tu as sans doute encore l’espoir de faire partie de ces happy few géniaux.

La créativité serait donc en partie liée à la réduction du contrôle qui s’exerce entre les différentes zones du cerveau.

Limiter le contrôle

Pour utiliser une métaphore, il y aurait comme un système douanier entre les zones du cerveau. Contourner ces douaniers, les inhiber, permettre une communication désordonnée entre les différents espaces est un moyen de favoriser notre créativité.

limiter l’auto-censure

John Kounios insiste aussi sur l’importance de l’émotion. Une émotion positive, une attention élargie favorisent la créativité. En revanche, être de mauvaise humeur, focaliser son attention sur une question réduit les chances de découverte. Cédric Villani, dans une intervention sur Ted disait la même chose en citant l’exemple de Poincaré, et en exposant son propre processus d’invention. A ce sujet, Théorème vivant où il expose son parcours vers la découverte qui lui a valu la médaille Fields est très intéressant.

Todd Lubart dit dans son entretien donné à Synergies Europe que nous faisons le lien entre une expérience et d’autres expériences pour lesquelles nous avons ressenti les mêmes émotions, ce qui nous amène à faire un lien entre des domaines de connaissance très éloignés.

Enfin, l’article de Elena Sender nous donne les résultats surprenants d’une expérience : si on demande à des personnes de choisir un avatar de génie (type ébouriffé en blouse blanche comme ci-dessous, ou au contraire tout coloré,…), les réponses aux tests créatifs sont deux fois plus nombreuses que lorsque ces personnes répondent directement. Le détour par un rôle rend donc plus créatif, voire génial !